Autrefois
les mares étaient plus nombreuses, d'origine artificielle, les agriculteurs
profitaient de la présence d'une zone humide pour aménager un abreuvoir pour
les bêtes, une réserve d'eau... De nos jours, beaucoup de ces mares devenues
naturelles avec le temps disparaissent (pollution, assèchement, comblement...).
Vouloir créer chez soi une mare, c'est partir à la découverte d'un monde
" sauvage " passionnant qui enchante toute la famille.
La
réalisation technique d'une mare est presque
identique à la réalisation d'un bassin
classique pour koï ou poissons d'ornement, sinon que la mare est
moins profonde (moins d'un mètre), afin de permettre une bonne colonisation par
les végétaux aquatiques (photosynthèse). Les plantes recouvrent une grande
partie de la surface. Un système de filtration classique est souvent déconseillé
(aspiration dans le filtre des larves, insectes, plancton...), on évitera
d'introduire des poissons (1 poisson par m³ d'eau). Les Koï et les carnassiers
(perches...) seront à proscrire, il faudra plutôt se tourner vers des espèces
omnivores sauvages : bouvières, épinoches, goujons, carassins si la taille du
bassin le permet.
Si
l'on souhaite quand même installer une circulation d'eau, une filtration
biologique, il faudra isoler la pompe dans une caisse recouverte de grillage
plastique très fin. De cette façon, l'aspiration sera répartie sur une plus
grande surface et les animaux ne se retrouveront pas collés sur la crépine de
la pompe. Il est tout à fait judicieux de réaliser un lagunage planté qui
permettra une bonne épuration de l'eau.
Il
existe dans le commerce des lagunes prêtes à
poser (sorte de bassins préformés équipés). L'eau est répartie uniformément
sur le fond de la lagune au moyen d'un drain ce qui évite les zones sans
circulation d'eau (et sans oxygène). Il faut les remplir avec de la pierre de
lave en granulométrie décroissante : de gros blocs de 10/15 cm jusqu'à une
taille de 10/15 mm.
potentille palustris (plante indigène)
Les
plantes qui ont un rôle important dans l'épuration sont les suivantes : iris
pseudacorus, glyceria aquatica, sagittaires (déphosphatant), menthe aquatique,
phragmites australis variegata (leur feuillage vert et jaune leur confère un
grand attrait visuel et cette variété est moins envahissante que l'espèce
type), ranunculus flammula et lingua, typha latifolia, gracilis. Afin d'être
efficace, l'eau doit passer lentement à travers la lagune, prévoir une pompe
ayant un débit horaire correspondant à 1/5 du volume du bassin (pompe de 1 m³/h
pour un bassin de 5 m³).
Les
paliers seront plus nombreux afin de permettre l'introduction d'une flore plus
diversifiée. Une grande partie du pourtour du bassin sera réalisée en zone de
marais. Les pentes seront douces afin de permettre le déplacement des
amphibiens et de permettre à un animal tombé accidentellement dans le bassin
d'en ressortir sans s'épuiser.
Les
abords du bassin seront réalisés de manière à ce qu'ils offrent le maximum de
refuges aux animaux :
Murets
ou tas de pierres sèches,
Souches,
piles de bois,
Rangées,
tas de tuiles
Prairie
naturelle (fleurs sauvages), haie sauvage (présence d'arbustes d'ornement mêlés
à des arbustes tels que le cornouiller, le fusain, le sureau, le noisetier,
l'aubépine, l'églantier... )
Exemple d'abri en pierres sèches pour la faune sauvage
Des
passages à travers la végétation seront créés afin de permettre un accès
facile aux animaux : avancée stable en pierre ou en bois, petites plages pour
le bain des oiseaux (3 à 6 cm d'eau)...
La
vie dans le bassin s'organise
rapidement et au bout d'une saison vous devriez avoir un équilibre du biotope
tant sur le plan biologique (qualité de l'eau) que sur le plan de la chaîne
alimentaire (colonisation par tous les petits animaux de la mare). Il est évident
que l'on s'abstiendra d'utiliser des produits chimiques (engrais, pesticides,
insecticides,... ) à proximité du jardin, et que l'on s'interdira tout
traitement de l'eau (algicide par exemple). La présence d'une grande zone de
marais réalisée avec de la pierre de lave, permettra de maintenir une activité
biologique (bactérie) sans filtration et ce toute l'année.
Les
animaux viendront d'eux-mêmes coloniser ce nouvel espace s'il leur convient.
Grenouilles, crapauds, tritons, salamandres, viendront pondre dans le bassin au
printemps et resteront à proximité de l'eau tout le reste de l'année. Les
insectes arriveront par les airs : libellules (odonates), dytiques (coléoptères),
gerris, ranatres (hétéroptères), éphémères, perles... Les escargots
pourront être introduits en même temps que des plantes (pontes collées sur
les feuilles).
Larve
carnassière d'agrion
Il
faut laisser aux plantes le temps de s'implanter, environ 2 à 3 ans pour avoir
un rendu final intéressant. Après il faudra veiller a entretenir la végétation
et éviter qu'elle ne devienne trop envahissante (faucardage). C'est pour cela
que le choix des espèces est particulièrement important selon la taille de
votre bassin. Vous pourrez vous inspirer de mes remarques notées sur les pages
des plantations et préférer les espèces présentes
dans votre région.
Caltha palustris, cardamine pratensis et lysimachia nummuralis...
Au-delà du bassin, il peut être prévu une mangeoire pour les oiseaux, l'hiver,
des nichoirs à installer en février (exposition à l'Est) sur les arbres à
proximité, pour les mésanges, les bergeronnettes, les rouges-gorges, les rouges-queues, les merles et grives... on peut même installer des abris à
crapaud (pot de fleur retourné), à hérisson (friand de fruits sucrés et de
croquettes pour chat)... bref au-delà du bassin qui représente déjà à lui tout seul un
grand intérêt écologique, c'est l'arrivée de tout un monde animal (et végétal)
qui va vivre et se laisser observer pour le plus grand plaisir des enfants et
des adultes.
A
lire : Créer et Gérer une mare
Dossier Technique de la Gazette des Terriers (le journal des clubs CPN)
disponible à la Maison des CPN 08240 BOULT-AUX-BOIS fax : 03 24 71 71 30
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